Box N°1 : Suprême de l'Orca & Suprêmatie DCH

Elle ne dormait plus depuis deux semaines maintenant. Des cernes, qu'elle dissimulait à l'aide de crayon et de mascara, s'étaient rapidement formés. Avec deux heures de sommeil par jour, week-end compris, résiterez-vous ? Non, mais Lucie Desrochers oui ! Elle restait jour et nuits auprès de Suprême de l'Orca, sa jument, qui devait pouliner d'ici peu. Normalement, la pouliche devait naître la semaine dernière mais le vétérinaire avait raconté que tant que la jument n'était pas en confiance, elle ne poulinerait pas. Lucie avait un peu de peine au fond d'elle. Supr' ne mangeait plus, buvait très peu et restait toujours les oreilles couchée sur sa nuque, prête à mordre à n'importe quel moment. Qu'avait-elle donc subit avant qu'elle ne s'échappe et qu'elle se fasse attaquer par ce cougar ? Des traces de coup sur les flancs et la croupe, des égratignures tout le long des antérieurs, deux grosses cicatrices sur les postérieurs et une immense plaie grièvement profonde sur le poitrail. Désepérée à l'idée de voir toutes ces années de persévérance qui avaient servi à gagner la confiance de la jument envolées, Lulu ne trouvait qu'une responsable : Elodie Howkins. Bien sûr, celle-ci n'avait en aucun cas fait exprès, si elle avait sut les conséquences, elle n'aurait pas redonné l'équidé à cet homme qui avait fabriqué de faux documents.

C'était donc ainsi, comme d'habitude, que Lulu se trouvait assise, se frottant les yeux de fatigue, sur une botte de paille près du box de la baie, plongée dans l'obscurité. Seule une petite lampe éclairait la troisième écurie. Ne portant qu'une veste d'équitation et un vieux jeans, elle frissona et ramener ses genoux vers elle, posant sa tête sur. Elle soupira et ferma les yeux, mais soudain, des bruits se firent entendre. Brusquement, elle se réveilla et passa sa main sur ses yeux, comme pour éloigner la fatigue. Se tournant vers le cheval de course, elle aperçut que celle-ci tournait nerveusement et grattait la litière de son box, poussant des hénissements stridents. La blonde sourit et sauta à terre, levant le loquet et entrouvant la porte, tout en sifflant tendrement à sa monture, histoire de la calmer.

« Suprême ... Viens ma fille, viens ... »

Elle approcha sa main très lentement jusqu'à entrer en contact avec le chanfrein de la Pur-Sang anglaise. Elle sourit puis posa délicatement ses mains sur le ventre de la juju, comme le lui avait montré le vétérinaire pour ne pas effrayé la poulinière. Elle approcha ensuite son oreille et put entendre des gazouillis et même sentir un violent coup de sabot sur la parois qui retenait le poulain. Souriante comme jamais, elle s'avança vers l'arrière avec un ruban puis commença à bander la queue. Il était très tard : une heure et demi du matin. Finalement, Lucie recula et Suprême se coucha. Sortant du box, la jeune femme sourit et s'accouda à la porte. Sans tarder, elle put voir les deux sabots des membres antérieurs puis quelques temps plus tard le bout du nez. Enfin, le reste du corps suivit et l'enveloppe protectrice qui contenait la pouliche était maintenant dans la paille. Le poulain, d'un coup de tête, déchira la membrane et aspira sa première bouffée d'air. Suprême, elle ne bougeait pas, ce qui inquiéta sa propriétaire.

Celle-ci entra dans le box et doucement apporta sa main au front de Suprême. Celle-ci rouvrit les yeux et leva brusquement l'encolure vers sa fille. Rassurée, Lulu sourit mais avant même qu'elle ait put flatter l'encolure de sa jument, celle-ci coucha les oreilles et commença à sa cabrer vers la blondinette. La demoiselle sortit rapidement du box, soupirant mais ne lâchant pas l'affaire. Elle put observer Suprêmatie têter son premier lait.

« Tu sais Suprême ... J't'ai sauvé la vie tout de même, faudrait un peu de reconnaissance. »

Elle rit légèrement même si au fond d'elle-même, ce n'était pas rigolo.